Entretien avec Ramona Gonzalez Grail, Maire de La Talaudière, à propos de la nouvelle cour de l’école Michelet
La ville va rénover entièrement la cour de l’école Michelet : quels sont l’objectif et la genèse de ce projet ?
Cela fait plusieurs années que l’enrobé de la cour, sur lequel les enfants courent et jouent, se soulevait et se craquelait. Ce sont les racines des platanes qui, ne trouvant plus d’eau en profondeur, venaient en chercher à la surface et soulevaient ainsi l’enrobé. Il y avait donc un risque majeur de sécurité pour les enfants. C’est avant tout en pensant à eux, pour éviter qu’ils se blessent, que nous avons pris la décision d’enlever cet enrobé. Il faut savoir aussi que sur ce sujet comme sur d’autres, la responsabilité des maires est devenue ces dernières années de plus en plus lourde. C’est à dire que si un élève se blessait dans la cour, non seulement ce serait inadmissible car les enfants ne vont pas à l’école pour se faire mal, mais en plus, la commune pourrait être poursuivie devant le tribunal administratif pour défaut d’entretien, et en tant que maire, je pourrais être poursuivie devant le tribunal pénal pour délit non intentionnel.
Comment avez-vous procédé pour concevoir ce projet de nouvelle cour d’école ?
Nous avons suivi deux principes qui nous guident dans notre politique municipale : faire avec les habitants et donner la priorité à la protection de l’environnement. En 2021, nous avons d’abord consulté les élèves pour leur demander quelle cour ils aimeraient avoir. Puis nous avons commencé à travailler sur un projet qui prenne en compte leurs souhaits et qui vise aussi à désimperméabiliser la cour. Nous avons ensuite présenté ce pré-projet aux enseignants et aux parents d’élèves dès 2022.
Ces rencontres ont-elles permis de faire évoluer le projet ?
Oui, nous avons rencontré les enseignants et les parents à plusieurs reprises, et l’un des éléments qui revenait concernait l’abattage des platanes. Pour enlever l’enrobé et le remplacer par une matière perméable, l’abattage des platanes était nécessaire, d’autant que la cour est en dénivelé, ce qui ne facilite pas le travail d’aménagement. Mais certains parents et enseignants ont souhaité conserver des platanes. Après plusieurs rencontres et de nouvelles études de faisabilité, nous sommes arrivés à un projet qui a réussi à satisfaire tout le monde : nous supprimons l’enrobé, nous désimperméabilisons la cour et nous conservons la moitié des platanes. Ce qui a nécessité de renoncer à la piste d’athlétisme qui était prévue. Sachant que notre objectif, dès le début, était de replanter au moins autant d’arbres que ceux que nous devions supprimer. En choisissant, pour ces nouveaux arbres, des essences plus résistantes aux changements climatiques. La cour sera donc partagée en deux parties : une partie calme et verte, avec les platanes restant, de nouveaux arbres et de l’herbe, et une autre partie consacrée aux sports, essentiellement basket et hand-ball. Une cuve de récupération et de rétention des eaux pluviales sera également enterrée dans la cour.
Comment cette nouvelle cour sera-t-elle financée ?
La qualité environnementale du projet nous a permis d’obtenir d’importantes subventions. Il y a d’un côté Saint-Etienne Métropole, qui conditionnait sa subvention à l’objectif de désimperméabilisation. Et d’un autre côté, l’essentiel du financement est assuré par l’Agence de l’eau, un établissement public qui a pour mission d’améliorer les ressources en eau et de protéger la biodiversité : elle finance 70 % de la totalité des travaux de la nouvelle cour. La commune ne devrait donc finalement financer que 20 % du projet. En ces temps de restrictions budgétaires, c’est une très bonne nouvelle, d’autant que cette nouvelle cour végétalisée et sécurisée nous permet d’être toujours plus performants dans notre politique environnementale, aux côtés d’autres projets qui verront le jour en 2023-2024 : la nouvelle école Violette Maurice en pisé, en bois et en paille, le nouveau réseau de chaleur au bois, et la nouvelle cantine partagée avec Sorbiers et Saint-Jean Bonnefonds, dont les menus seront composés de produits locaux. C’est ainsi toute une nouvelle génération de jeunes Talaudiérois qui seront sensibilisés dès le plus jeune âge à l’environnement et la protection de la nature.